French at HKU
French Literature
of the 19th & 20th Centuries
Nouveau Roman
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Dans les années 50 et 60 se développe une tendance de la littérature française qui sera nommée d'après un article d'Emile Henriot dans le journal Le Monde en 1957 et un recueil d'articles d'Alain Robbe-Grillet, intitulé "Pour un nouveau roman" (1963). Cette tendance regroupe en fait des individus au style différent (Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, Claude Ollier, Nathalie Sarraute, Robert Pinget, Claude Simon, Marguerite Duras) mais qui publient chez le même éditeur parisien, Les Editions de Minuit, et dont le directeur, Jérôme Lindon, joue dans les lettres françaises un rôle comparable à celui joué entre les deux guerres par Gaston Gallimard ou Jacques Rivière.
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Un point commun cependant réunit cette "collection d'écrivains" (Jean Ricardou): le rejet du roman traditionnel, de type balzacien, dans lequel prime la chronologie et la fiction, le personnage et la psychologie, la structuration d'une intrigue en causes et effets, en bref, la construction d'une pseudo-réalité sur une base anthropomorphique. A l'univers structuré du roman qui privilégie l'écriture de l'aventure d'un personnage, les nouveaux romanciers opposent "l'aventure d'une écriture" (Ricardou), qui est avant tout une recherche sans finalité, une exploration de l'inconscient, dans laquelle le sujet (personnages, intrigue, situations) est dilué. Cette vision de l'écriture conduit à des textes qui mettent en valeur la présence des objets, du temps et de l'espace, des obsessions, de la mémoire et leurs rapports avec l'auteur. Le roman devient ainsi une écriture dont l'objet est l'acte d'écrire, un acte qui vise finalement le langage.
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Alain Robbe-Grillet (né en 1922)
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La notoriété d'Alain Robbe-Grillet arrive dès son premier ouvrage, Les Gommes, paru en 1953. Deux ans plus tard, il publie Le Voyeur, qui fait scandale. La Jalousie paraît en 1957, suivi de Dans le labyrinthe, en 1959. A cette époque, Robbe-Grillet est déjà considéré comme l'initiateur et le théoricien du Nouveau Roman, dont il définit le cadre dans son fameux recueil d'articles publié en 1963. Robbe-Grillet explore aussi l'expression cinématographique, certains de ses films sont désormais des classiques : L'Année dernière à Marienbad (1961), avec Alain Resnais; L'Eden et après (1971); Glissements progressifs du plaisir (1974).
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Ce qui frappe avant tout dans les livres de Robbe-Grillet, c'est la présence obsédante des objets, des décors, que l'auteur décrit avec minutie, une immense "passion de décrire" (Pour un nouveau roman). Pourtant, ces descriptions évitent les charges émotives qui prolongent habituellement leur appréhension par la conscience, ils apparaissent neutres au contraire, dépourvus de toute signification morale ou sentimentale : "Autour de nous, défiant la meute de nos adjectifs animistes et ménagers, les choses sont là", dit Robbe-Grillet, donnant finalement un nouveau sens au mot réalisme en littérature. L'écrivain reconnaît pourtant que les objets ne peuvent être complètement détachés du regard humain, parce qu'ils existent nécessairement à travers la subjectivité de ce regard. Mais ce que souhaite Robbe-Grillet, c'est que ces objets apparaissent complètement au lecteur, livrés totalement par l'auteur comme un matériel brut, et non plus interprétés préalablement par lui.
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Claude Simon (né en 1913)
Claude Simon est né à Madagascar. Son père, qui meurt dès les premiers combats à Verdun en 1914, était officier de l'armée coloniale française. Claude Simon publie un premier roman en 1945, intitulé Le tricheur. Il rencontre Robbe-Grillet en 1956 et rentre aux Editions de Minuit. Il intègre alors le fameux cercle des écrivains du Nouveau Roman, qui débute officiellement en 1958 avec un numéro de la revue Esprit. Il publie en 1960 La Route des Flandres qui obtient un prix, et consacre véritablement Simon à l'âge de 47 ans. Histoire reçoit le prix Médicis en 1967. Dans Géorgiques (1981), Simon reprend le thème d'Orphée et d'Eurydice pour le transposer dans le contexte de ses thèmes habituels: les campagnes militaires, la guerre d'Espagne, la défaite de 1940. Simon obtient le prix Nobel de Littérature en 1985. En 2001, il a publié Le Tramway.
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Dans une interview à propos de son livre paru en 1997, Le Jardin des plantes, Simon définit son travail sur l'écriture, qu'il qualifie de portrait de la mémoire : "J'ai essayé de donner une image de l'imbrication des souvenirs les uns dans les autres. On pourrait dire que le livre est construit comme le portrait d'une mémoire, avec ses circonvolutions, ses associations, ses retours sur elle-même, etc."
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Simon n'est pourtant pas un écrivain autobiographique, il n'attache pas d'importance à la chronologie par exemple, mais son histoire est le prétexte d'une exploration du souvenir par des phrases qui se développent longuement en glissements subtils et analogies successives. La mémoire est ainsi visualisée, sous la forme de fragments, de découpages ou de collages, dans ses surgissements inconscients et sa spontanéité incontrôlable.
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Histoire (1967)
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Comme l'Ulysse de James Joyce, ce livre de Claude Simon est le récit non-chronologique de la journée d'un homme, passant en revue des cartes postales ayant appartenu à sa mère. Son observation attentive sert de prétexte à une rêverie sans fin.
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[...] et sur la carte suivante un paysage qui semble fait lui avec des plumes, non pas dessiné mais pour ainsi dire effleuré comme si non pas un crayon ou un pinceau mais des ailes avaient frôlé le carton y laissant des traces délicates floues pervenche pistache antimoine topaze avec des arbres eux-mêmes semblables à des cous sinueux d'oiseaux d'échassiers de hérons un étang des roseaux duveteux balancés par le vent imprécis des roches de cristal rose des joncs bruissants frissonnants de minces pilotis un chuintement transparent léger Kasaraki no Matsu near Kyoto.
"Kyoto 13/11/7
Bonjour
Henri."
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© Denis C. Meyer-2009
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